Dans la recherche de solutions énergétiques durables, la rénovation énergétique apparaît comme une solution toutre trouvée. Cet article explore le rôle central de la rénovation dans la réduction de la pollution du secteur du bâtiment et se penche sur les nuances de ce voyage écologique, de ses avantages à la nécessité de préciser sa mise en oeuvre.

La vague de rénovation annoncée par la Stratégie Nationale Bas Carbone

S’il existe une mesure en faveur de la transition énergétique qui est consensuelle, c’est bien la rénovation énergétique. Depuis que la France s’est fixée pour objectif d’atteindre 500 000 rénovations complètes par an dans le cadre de la Stratégie Nationale Bas Carbone, les seules critiques soulevées concernent l’incapacité à atteindre le chiffre visé. On pourrait même avoir l’impression que la seule consommation d’énergie dans le secteur du bâtiment est celle qui en est faite par les occupants. Et pour cause, on estime que la consommation d’électricité liée à l’utilisation des bâtiments représente près de 55 % de la consommation mondiale d’électricité. Ainsi, le secteur du bâtiment se positionne comme l’un des secteurs les plus polluants, en grande partie par son utilisation.

Cependant, il est tout aussi essentiel de prendre en considération une part significative de ses consommations d’énergie et de ses émissions de carbone : celle associée à la construction et à la démolition du parc. On parle d’énergie grise pour désigner l’énergie consommée lors du cycle de vie d’un matériau ou d’un produit. Cette énergie grise engendre également des émissions de carbone, produites à la construction et à la démolition, un aspect longtemps négligé par la régulation, les politiques publiques et les gestionnaires de parcs immobiliers.

La construction des bâtiments : une pollution certaine

Prenons l’exemple d’un chantier. Les deux principaux postes d’émissions lors de la construction d’un bâtiment sont la production de matériaux, puis la manière dont le chantier est mené.

Il convient de distinguer plusieurs étapes pour la production de matériaux :

  • La fabrication, qui est en général l’étape la plus émettrice de carbone et désigne toutes les étapes de l’extraction des matières premières (pierres, bois, pétrole) à leur transformation pour obtenir le matériau souhaité ;
  • Le stockage du matériau en attendant qu’il soit utilisé, stockage dont les émissions carbones proviennent surtout de la consommation d’électricité ;
  • La distribution pour que ces matériaux arrivent jusqu’au chantier, ce qui se fait en général au moyen de véhicules fortement énergivores et demandeurs d’énergie fossile et alourdit l’empreinte carbone.

Les émissions dues au chantier en lui-même sont plus négligeables. Elles concernent les déplacements des ouvriers, les outils utilisés et leurs consommations d’énergie sur place.

En 2019, selon l’ADEME, la construction de nouveaux bâtiments était responsable d’environ 60% de l’empreinte carbone du secteur. De plus, le secteur du bâtiment produit 46 millions de tonnes de déchets par an. Au vu de ces chiffres et lorsqu’on sait que les déchets ménagers en représentent 30 millions par an, la rénovation semble être l’option à privilégier dans une démarche écoresponsable.

La rénovation : une solution miracle ?

Le 14 mars 2023, le Parlement européen a approuvé une nouvelle directive visant à aider l’Union européenne à atteindre ses objectifs climatiques. L’objectif principal de la directive est d’accélérer la rénovation énergétique des bâtiments, avec pour objectif de rénover au moins 40 millions de bâtiments d’ici 2030.

La vague de rénovation censée découler des politiques publiques mises en place s’explique par deux majeures raisons :

  • Les travaux de rénovation énergétique sont avant tout proposés pour améliorer la performance énergétique des bâtiments. Ainsi, une rénovation engendrerait une économie d’énergie de 34% en moyenne sur la consommation d’énergie du logement, selon l’UFC Que Choisir. Rénover permet donc de réduire la consommation d’énergie attribuée à l’utilisation d’un logement ou bureau.
  • De plus, rénover un bâtiment permet d’éviter d’en construire un neuf (ce qui intervient souvent après destruction). Bien que dans les deux cas, le bâtiment résultant est souvent efficace énergiquement, rénover plutôt que construire émet 2/3 d’émissions carbone de moins lors des chantiers. Ainsi, les émissions indirectes de l’empreinte carbone se trouvent automatiquement réduites sur le cycle de vie d’un bâtiment.

Par suite, du point de vue de l’empreinte carbone d’un bâtiment, il est rare qu’il existe meilleure option que la rénovation. Elle diminue la consommation énergétique, énergie dont la production n’est jamais neutre pour l’environnement, même lorsqu’elle est issue d’une source électrique. De plus, la rénovation est souvent la première étape d’un processus complet de prise en compte des énergise consommées par un bâtiment, et peut donc précéder l’installation d’une PAC ou d’un vecteur d’énergie plus performant. De cette manière, la réduction des émissions de carbone intervient tant dans l’amélioration de la performance énergétique que dans l’amélioration du vecteur de production de chaud ou de froid.

Sur l’entièreté du spectre écologique, cela signifie également moins d’artificialisation des sols, comme le veut la loi « Zéro Artificialisation Nette », mais aussi une production de déchets moindre puisque le bâtiment est déjà construit. Selon l’ADEME, la quantité de matériaux à mobiliser pour construire du neuf est de 40 à 80 fois plus importante que pour rénover un bâtiment de logement. Le taux de valorisation des déchets du bâtiment se situant entre 48 et 64%, réduire la quantité de déchets est toujours une action positive.

Questionner la rénovation énergétique

La rénovation est dans l’immense majorité des cas préférable à la construction d’un bâtiment neuf. Il n’est cependant pas suffisant de comparer rénovation et construction. Ce serait se leurrer dans l’illusion que l’arbitrage n’a lieu qu’entre ces deux choix là. Or, il existe plusieurs manières de rénover, toutes avec un impact écologique différent. Il faut également prendre en compte qu’il est envisageable de ne procéder à aucune rénovation, ce qui a le mérite de ne produire ni déchets, ni émissions de GES lors des chantiers.

L’analyse des bienfaits d’une rénovation ne considère que le carbone économisé durant l’utilisation du bâtiment, jamais les émissions liées à la construction. Avec cette logique, il est toujours préférable de rénover. Or, par la force des choses et de même que pour la construction d’un bâtiment neuf, une rénovation demande des matériaux et le déplacement d’artisans et engendre donc un impact sur l’environnement conséquent. Il est donc important de se questionner au cas par cas sur la nécessité de mettre en place une opération comme celle-ci. Mais surtout, la nécessité écologique de rénover ne doit pas dispenser de s’interroger sur la manière dont il est possible d’optimiser les travaux pour réduire les émissions carbones au maximum.

Toutes les rénovations ne se valent pas

Il existe en effet toutes sortes de réflexion en cours sur la manière dont ces impacts pourraient être pris en compte. Le programme d’innovation collaborative NZC Rénovation privilégie par exemple la notion de retour carbone : c’est-à-dire l’analyse de la durée nécessaire pour que les économies d’énergie liées à une rénovation entrainent une baisse d’émission de GES supérieure à celles générées par l’opération en elle-même. Le calcul consiste en une analyse complète sur le cycle de vie du bâtiment, en prenant en compte les éléments neufs intégrés et leurs coûts carbones. Selon NZC Rénovation : « Selon le degré d’optimisation carbone de la rénovation, cet indicateur varie entre 6 et plus de 70 ans. Une rénovation énergétique n’est donc pas toujours bas-carbone ! ». Ce concept permet à OXAND de concevoir un outil d’aide à la décision pour le choix du type de rénovation à effectuer.  OXAND SIMEO aide les propriétaires d’actifs à privilégier les opérations ayant le plus faible retour carbone.

C’est dans ce contexte que le programme NZC Rénovation a identifié 5 leviers pour diminuer l’empreinte carbone d’une rénovation :

  • La Tacticité : Produire un effort pour préserver les matériaux et composants existants, ne pas utiliser de matériaux inutiles en se posant en permanence la question de la valeur d’usage
  • La Circularité : réemployer les matériaux du chantier, récupérer des ressources déjà utilisées
  • Matérialité : Dans une logique d’écoconception, utiliser les matériaux les plus écologique possibles en favorisant la mixité constructive
  • Technicité : réduire le degré de complexité des technologies utilisées tout en n’installant des outils technologiques que lorsque cela est réellement nécessaire
  • Externalité : Mutualiser ces opérations avec les acteurs alentour tout en compensant les impacts négatifs avec des externalités positives sur le territoire.

Il faut cependant prendre garde à ne pas tomber dans l’écueil ne surveiller que cet indicateur, sans prendre en compte l’impact sur la biodiversité ou les sols par exemple. Voilà pourquoi il est nécessaire de continuer à développer nouvelles méthodes de calcul, les utiliser et les comparer, un travail déjà bien engagé à OXAND.

OXAND appelle les acteurs du bâtiment à se mobiliser

Ainsi, se poser la question de la pertinence des procédés de rénovation en fonction de leur impact carbone et du nombre d’années nécessaire pour la rentabiliser est un aspect essentiel de la transition écologique. Les instituts de recherche, les politiques publiques et les entreprises privées tentent d’avancer sur ces questions.

En tant qu’entreprise consciente de ces enjeux et engagée, OXAND s’engage à faire sa part : le volet carbone de SIMEO intègre dans la priorisation des opérations de maintenance les fiches INIES, fiches qui renseignent les émissions de carbone sur les différentes phases du cycle de vie de chaque composant : production, utilisation, fin de vie, bénéfices et charges. Il est ainsi possible d’obtenir le coût carbone total des opérations de maintenance.

Bien sûr, nous sommes conscients de la nécessité de poursuivre la recherche et le développement sur ces questions, en particulier pour pouvoir rendre compte des derniers processus de rénovation et comparer le coût en carbone des différentes opérations pour un même bâtiment. OXAND relève le défi d’aligner les offres commerciales sur sa stratégie de développement durable, même si le critère principal pour les rénovations est actuellement axé sur l’amélioration de la performance énergétique dans le cadre de la législation existante.

OXAND exhorte l’ensemble du secteur du bâtiment à adopter une nouvelle approche et des méthodes et pratiques innovantes afin de fournir un portefeuille d’actifs plus écologiques aux générations futures. Il est essentiel de donner la priorité à la réalisation des fiches INIES, et nous sommes prêts à aider nos clients dans cette entreprise, dans le cadre de notre engagement à offrir un monde plus durable aux générations futures. Nous sommes enthousiastes à chaque fois que nos partenaires nous demandent d’améliorer leur compréhension de la rénovation et leurs méthodes.

Ensemble, nous pouvons être la force motrice d’un changement positif grâce à des pratiques de rénovation durable.

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