Qualifié de « chantier du siècle » par le Sénat dans son rapport de 2019, la gestion des ponts routiers est un défi de taille pour les collectivités territoriales qui gèrent 90% du parc français.

Face à cet enjeu, gestionnaires et services techniques recherchent les moyens de développer une gestion plus patrimoniale de leurs infrastructures routières.

Voyons quelle méthode peuvent adopter les différents acteurs pour développer une gestion plus proactive et efficace de leurs ponts routiers.

 

Chiffres clés : qui gère les ponts routiers en France ?

En France, l’entretien et la réparation des ponts est assuré par les gestionnaires des routes tels que l’Etat, les concessions, les départements ou les collectivités territoriales.

Le nombre de ponts hors concessions

Le nombre de ponts routiers gérés par les acteurs publics est estimé entre 200 000 et 250 000.

  • 90% des ponts sont gérés par les collectivités territoriales (dont 34955 communes et 1254 intercommunalités).
  • 10% des ponts sont gérés par l’État.

Le nombre de ponts en mauvais état

Selon les estimations du Sénat, plus de 25000 ponts sont jugés en mauvais état, soit :

  • 8,5% des ponts gérés par les départements
  • 18 à 20% des ponts gérés par les communes et les intercommunalités
  • 7% des ponts gérés par l’État

Source : Rapport du Sénat du 26 juin 2019

C’est donc majoritairement sur les communes françaises et leurs intercommunalités que repose la charge d’entretien des ponts routiers en mauvais état, la plus importante.

 

Les conséquences d’une gestion réactive des ponts routiers

Historiquement, faute de stratégie et de moyens, les politiques de maintenance des ouvrages d’art se concentraient davantage sur la résolution immédiate des problèmes plutôt que sur une gestion préventive et programmée.

Cela a pu entraîner plusieurs conséquences négatives.

Une image des collectivités territoriales altérée

La gestion purement réactive des ponts routiers peut avoir des conséquences négatives sur les finances des collectivités et peut aussi altérer leur image de bon gestionnaire.

Malgré le souhait des élus de prévenir tout problème lié aux ponts sur leur territoire, lorsqu’un pont se détériore et que les coûts de réparation ne sont pas prévus dans le budget, cela aura un impact immédiat sur les finances publiques.

La gestion de la collectivité peut aussi être critiquée par les autorités de tutelle, l’opposition locale ou les citoyens.

Le coût excessif des ponts routiers en mauvais état

Les experts sont conscients que l’entretien régulier des infrastructures est beaucoup moins coûteux que de les laisser se dégrader et devoir les réparer plus tard.

Les restrictions de circulation imposées à la population

De plus, si les moyens pour l’entretien sont insuffisants, il y aura de plus en plus de restrictions de circulation et même des fermetures de voies, ce qui nuit au final à l’économie locale et à l’attractivité des territoires.

L’effondrement des ponts routiers, un risque inacceptable

Enfin du point de vue de la sécurité, bien que rares, les incidents mortels tels que celui survenu sur le Pont de Gênes en 2018 ont laissé une forte impression et sont considérés comme inacceptables par la population.

 

Les enjeux de la gestion des ponts routiers pour les collectivités

Aborder le sujet du pont routier conduit les collectivités à se confronter à plusieurs problématiques complexes.

Bien connaître son patrimoine pour prioriser ses actions

La maitrise et la connaissance du patrimoine dont les ponts routiers font partie , est un sujet sensible pour les collectivités.

Le sujet est nouveau car auparavant c’était la Direction Départementale de l’Equipement qui s’occupait des routes et des ponts.

Les collectivités ont récupéré la gestion de ces objets dont ils n’ont pas la connaissance et si l’inventaire se complète progressivement , il est encore loin d’être exhaustif.

Garantir la pérennité des ponts routiers

En tant que gestionnaire, il appartient à la la collectivité de garantir l’état de ses ponts routiers.

La question est d’autant plus épineuse pour les ponts anciens : comment évaluer leur vétusté et les risques associés.

Les usagers peuvent-ils encore l’emprunter en toute sécurité ?

Si les risques sont présents, quelles sont les actions à mener pour pérenniser les ponts qui posent problème.

Quels sont ceux à traiter en priorité ?

Optimiser les budgets 

Enfin dans un budget contraint, comment prioriser pour utiliser au mieux les finances publiques pour réparer et entretenir les ouvrages présents sur le territoire de la collectivité.

 

Quelle méthode pour une gestion proactive des ponts routiers

L’idée principale est d’utiliser une méthodologie d’analyse de risques, croisée avec les enjeux

Pour réaliser ce diagnostic, plusieurs sources d’information sont à considérer :

  • Les rapports d’inspection : tous les 3 ou 6 ans, les collectivités font des inspections sur les ponts pour établir des quotations selon le référentiel IQOA (indice qualité ouvrage d’art).
  • L’historique des réparations effectuées par les services ou par des entreprises
  • L’interview des agents des services techniques ou de la direction des infrastructures qui ont une connaissance pratique du patrimoine
  • Les données statistiques

Les données collectées permettent alors d’établir un diagnostic en 3 étapes :

Etape 1 – Recenser les ponts et les classer en fonction de leur usage

Il s’agira de déterminer quels sont les types d’usage :

  • Estimer le volume de trafic selon les modèles existants
  • Identifier les zones d’activité et les populations desservies par le pont
  • Lister les modes transport qui passent par le pont : trams, voie ferrée, TER, piétons, trafic agricole, véhicules…

Etape 2 – Hiérarchiser les risques associés aux ponts selon leur état et leur impact

Après avoir répertorié tous les ponts routiers dont la collectivité a la responsabilité, il s’agit de qualifier les conséquences que pourraient provoquer leur défaillance potentielle selon leur état et l’enjeu qu’ils représentent.

Réalisé à partir d’interviews et de modèles de données, cet inventaire des risques permet ainsi de classer les ponts selon la gravité des impacts propres à chacun.

  1. Identifier l’état du pont routier

Les ponts sont identifiés selon leur état technique à l’aide de l’échelle suivante :

  • F1 Bon état, défaillance des composants très peu fréquente
  • F2 Premiers signes de vétusté, défaillance des composants peu fréquente
  • F3 Fonction assurée de façon dégradée, défaillance des composants fréquente
  • F4 Défaillance des composants très fréquente voire certaine
  1. Evaluer l’enjeu d’une défaillance du pont

La prise en compte du volume de trafic et des types d’usage du pont permettent de déterminer l’enjeu que représenterait une défaillance selon l’échelle suivante :

  • G1 Mineur
  • G2 Significatif
  • G3 Majeur
  • G4 Catastrophique
  1. Cartographier les risques associés aux ponts en croisant ces deux critères

A partir de ces données, une cartographie des ponts croisant gravité des risques et état peut alors voir le jour.

Quatre groupes représentant un risque plus ou moins important peuvent alors être définis :

  • R1 Les ponts présentant un risque faible
  • R2 les ponts présentant un risque modéré
  • R3 les ponts présentant un risque élevé
  • R4 les ponts présentant un risque très élevé
  1. Projeter les besoins et les actions dans le temps

Des modèles prédictifs basées sur les lois de vieillissement permettent ainsi de créer une cartographie des ponts et de la projeter dans le temp. Les besoins, les actions et les budgets permettant de les entretenir et de les maintenir en bon état, sont donc clairement établis pour les prochaines années.

Ces modèles permettent donc de créer une base de connaissance claire qui facilite la prise de décision et la prévision budgétaire.

Les opérationnels peuvent ainsi mieux argumenter leurs projets de rénovation auprès des élus pour obtenir les budgets d’investissements dont ils ont besoin.

  1. Digitaliser la connaissance

Toutes les données collectées doivent être centralisées et digitalisées dans un référentiel unique.

C’est ainsi que chaque collectivité pourra gérer son patrimoine d’infrastructures de manière claire, précise et dynamique pour répondre aux enjeux opérationnels.

Oxand met à disposition de ses clients une méthodologie unique basée sur des modèles prédictifs afin de garantir une gestion proactive et efficace des ponts routiers et des infrastructures.

Pour aller plus loin, un dispositif est proposé en partenariat avec la Banque des Territoires.

PrioRéno Ponts est un dispositif numérique gratuit qui permet de prioriser les études concernant les ponts potentiellement les plus en risque. Il offre aux collectivités un éclairage sur l’état de leur parc et son évolution si aucun investissement de rénovation n’est réalisé. Contactez votre direction régionale de la Banque des Territoires pour en savoir plus.

 

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